http://www.lesechos.fr/journal20150602/lec2_salon_des_entrepreneurs_lyon_rhone_alpes/02190215157-un-tremplin-vers-la-levee-de-fonds-1124345.php
Conseils stratégiques, formations, mises en relation… C’est ce que les accélérateurs apportent aux start-up les plus prometteuses. Le plus souvent en échange d’une participation au capital.
Faire décoller sa start-up… Depuis septembre 2014, c’est l’obsession de Joanna Faulmeyer, cofondatrice de KidyGo, un service Web d’accompagnement d’enfants dans le train. Cela fait presque six mois qu’elle est hébergée par BoostInLyon, une structure associative où, en échange d’un loyer modeste, des entrepreneurs bénévoles lui apportent des conseils et lui ouvrent leur réseau professionnel. « Avec les autres start-up accompagnées, il y a beaucoup d’émulation. On sort de notre isolement », se félicite la créatrice.
Airbnb, plus beau succès de Y Combinator
Des structures comme BoostInLyon, on en compterait environ au minimum 200 sur tout le territoire. Ces accélérateurs de start-up, qu’ils soient association loi de 1901 ou, plus fréquemment, des structures privées, s’inspirent d’un modèle né dans les années 2000 en Californie. A l’époque, un quatuor de « serial entrepreneurs » de la Silicon Valley fonde Y Combinator. Leur idée est de mettre à profit leur expérience pour aider des jeunes pousses prometteuses à démarrer leur activité. En échange d’une prise de participation modeste de l’accélérateur au capital, elles bénéficient d’un programme d’accompagnement très dense, sur une période de quatre à six mois. Le but est de leur faire faire un grand bond en avant. En cas de réussite, l’accélérateur est, de son côté, assuré d’obtenir un retour sur investissement intéressant. La formule a rapidement fait ses preuves. Y Combinator a mis sur orbite quelques belles success stories comme Airbnb. Ont donc logiquement éclos une série de dispositifs similaires, comme Techstars ou, en Europe, Seedcamp. En France, les plus connus sont Numa Sprint (ex- Le Camping Paris), TheFamily ou L’Accélérateur.
Le degré de sélection à l’entrée des programmes varie en fonction de la notoriété de ces derniers, construite sur la qualité du mentorat et le potentiel de financement. « Nous recevons environ 800 candidatures par an », affirme Juan Hernandez, cofondateur de L’Accélérateur. Cette structure parisienne très demandée accompagne actuellement 51 start-up, où elle s’est invitée au capital, à hauteur de 10 à 15 %. Mais, au-delà de la qualité d’un projet, c’est surtout le profil de l’équipe qui fera la différence. « Il faut beaucoup d’ambition et de ténacité. Mais aussi beaucoup d’humilité et de pragmatisme, car, la plupart du temps, les projets ont besoin d’être réorientés en cours de route », poursuit Juan Hernandez.
Une fois embarqués dans le programme d’accélération, les « start-uppers » bénéficient du soutien de mentors expérimentés sur des questions opérationnelles (communication, vente, levée de fonds). Eux-mêmes passés par les affres du financement, ces patrons les aident à entrer en contact avec des « business angels » ou des fonds d’investissement. Comme à l’école, des formations sont dispensées, généralement gratuitement, sur les sujets clefs de l’entrepreneuriat en mode start-up. Au fur et à mesure du processus, « l’entreprise va pouvoir déterminer qui sont ses clients et ce qu’elle va leur apporter précisément. Deux points basiques pas toujours très clairs au départ », relève Carole Granade, présidente de BoostInLyon.
L’accélération est aussi une remise en question
Pour autant, les start-up ne doivent pas tout attendre de leurs mentors. « Il faut être très proactif, leur montrer qu’on avance, les solliciter régulièrement et être présent aux formations », estime Antoine Ayoub, le cofondateur de Vinify (service personnalisé de caviste en ligne), l’une des 200 start-up passées par The-Family. Bref, être accéléré n’est pas de tout repos. Contrairement aux incubateurs, dont l’objectif principal est de fournir un hébergement commun sur une période d’environ deux ans, les accélérateurs vont secouer leurs poulains en pointant les lacunes. Une remise en question douloureuse qui va souvent forcer l’équipe à faire pivoter son modèle d’affaires. Certains seront incapables de passer ce cap. Autres raisons de l’échec : l’éclatement d’une équipe ou le constat, amer, que le business envisagé n’est pas viable à long terme.
Sortir indemne du processus d’accélération est un bon signe pour les investisseurs. C’est un tremplin efficace vers une levée de fonds. A ce stade, certains accélérateurs ne s’interdisent pas de s’inviter au tour de table. En deux ans d’existence, la société de Juan Hernandez a ainsi participé à une quarantaine d’opérations, pour un montant global de 30 millions d’euros. Un ticket vers la gloire pour les jeunes pousses concernées ? Pas forcément, mais le rêve d’atteindre les sommets se rapproche.